vendredi 26 janvier 2007

Avant-dernier témoignage sur les Mormons

Nous avons été les premiers et nous espérons les derniers à vous parler de la possible implantation des Mormons à Villepreux. Certains n'ont pas compris notre combat, surement par manque d'information. Nous le regrettons car il a été mené avec conviction et honnêteté. Nous avons fourni tant d’informations et d’explications... Outre l'erreur dans ce choix de développement pour notre ville, nous devions écouter les personnes ayant souffert de ce mouvement. Nous ne devons jamais écarter les victimes de mouvements sectaires simplement parce que cela ne dérange pas notre vie quotidienne. Chacun peut succomber aux charmes de telles organisations. Nous aussi, nous n'avons jamais eu à reprocher quoique ce soit aux Mormons, mouvement surement composé de personnes honorables. Mais ce n'est pas pour cela que nous ne devons pas écouter, comprendre, analyser, décider et nous battre pour ce qui nous semble juste. Il faut toujours écouter les victimes et jamais se détourner, l'histoire nous l'a tant appris.

Nous terminerons donc par deux articles, si représentatifs de notre combat.
Colorado City, village polygame (Source : Le Figaro, 11.01.2007)
Colorado City est le fief de l’Eglise Fondamentaliste de Jésus Christ des Saints des derniers Jours. La polygamie y est pratiquée par tous les membres et tolérée par le gouvernement fédéral.

Le dirigeant de la secte, Warren Jeffs, emprisonné pour complicité de viols aurait 75 épouses. "Dans cette communauté, les femmes « n’ont qu’un droit, celui de se taire pour obéir aveuglément au prophète ou, à défaut, aux sept membres de la prêtrise. " Le prophète les donne en mariage à qui bon lui semble, elles ne peuvent pas refuser ".

La polygamie étant interdite aux Etats-Unis, seule la première femme devient l’épouse légale. Ses " sisters-wives " sont épousées au cours de cérémonies religieuses. Aux yeux de la loi, elles ne sont que des concubines" avec le statut de mères célibataires.
L’inceste, les viols, les violences physiques sont monnaie courante à Colorado City. "
Témoignage d’une ex-adepte de l’église mormone (1/2)
A l’occasion du projet de construction, en France, d’un temple de l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (les mormons), nous avons reçu ce témoignage d’une femme qui a quitté cette église depuis quelques années. Ce long texte paraîtra en deux parties. La première partie relate l’entrée et la vie dans l’église.

Je souhaite vous apporter ce témoignage sur ma conversion à l’église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (les mormons) et sur les raisons qui m’ont, plus tard, poussée à quitter cette secte dangereuse il y a un peu plus de cinq ans.
J’ai été membre de cette secte pendant plus de 10 ans et je peux témoigner en toute connaissance de cause.

Entrée dans l’église

Pendant plusieurs années, j’ai vécu une véritable histoire d’amour avec un homme marié originaire d’un pays nordique. Nous avions un fils alors âgé de 2 ans et demi. J’étais bien consciente de l’indécence de notre relation et je me préparais doucement à une séparation d’autant que la société pour laquelle il travaillait allait cesser son activité et qu’il n’aurait plus de raison professionnelle de se rendre en France.

La rupture eut lieu et j’éprouvais un immense désarroi. J’étais donc particulièrement fragilisée. Un soir, il était 19h quand on frappa à ma porte. Deux superbes jeunes gens au sourire éclatant se tenaient sur le palier : c’étaient des missionnaires mormons. Leur tenue irréprochable et leur regard bienveillant m’inspirèrent confiance. Ils étaient très sympathiques et j’avais tellement besoin d’affection. Ils se sont invités et je n’ai pas hésité. Ils m’ont dit qu’une force mystérieuse les avait poussés à frapper à ma porte, qu’ils avaient longtemps prié Dieu afin d’être guidés auprès d’une personne qui aurait besoin d’être réconfortée. Ils ne pouvaient pas mieux tomber. Je venais de prendre une décision difficile : me séparer de l’homme que j’aimais depuis 7 ans. Cette liaison était secrète et par conséquent personne ne pouvait m’aider à surmonter l’épreuve. Je ne faisais qu’assainir une situation anormale.

Je me sentais coupable de ne pouvoir permettre à mon fils de grandir dans un foyer traditionnel et les missionnaires l’ont bien compris. Ils venaient me voir une fois par semaine pour m’évangéliser. Ils me présentaient des diapositives idylliques qui sublimaient l’amour, la famille, le respect des valeurs, le soutien d’une communauté forte et solidaire. Souvent, ils étaient accompagnés de membres fidèles et un peu trop zélés. J’assistais aux réunions dominicales et j’étais accueillie dans une ambiance chaleureuse et amicale. J’étais pleine de gratitude et je me sentais portée par tant d’amour. Mon fils, alors âgé de 3 ans, et moi étions souvent invités chez des familles « modèles » que j’enviais. Je voulais appartenir à ce groupe car tout semblait leur réussir. J’étais convaincue d’avoir trouvé l’église du bonheur.

Catholique de naissance, j’ai toujours eu la foi en Dieu mais je ne suis pas pratiquante. Les mormons m’ont très vite assuré que l’église catholique était l’église « abominable » décrite dans les Ecritures et que l’église de Jésus-Christ des derniers jours était la « véritable » église du Christ. Ils m’en donnaient toujours la preuve en citant des écritures et leurs réponses à toutes mes questions m’impressionnaient. De plus, ils m’assuraient que Dieu vivait et qu’Il m’aimait. La preuve : Il m’avait choisie, moi qui pourtant n’avais pas suivi les commandements, puisque j’avais eu une relation amoureuse et sexuelle avec un homme marié. Si le Seigneur avait toutefois daigné se soucier de moi, c’est qu’Il avait besoin de moi pour une grande mission. Je ne pouvais que me sentir reconnaissante envers les « envoyés de Dieu » qu’étaient dorénavant devenus pour moi les missionnaires et je ne voulais surtout pas les décevoir.

Inquiétude de l’entourage

Je fus vite convaincue que mon salut et celui de ma famille dépendaient de mon adhésion à la doctrine mormone. Cependant, ma famille et mes amis étaient inquiets : ils avaient compris que j’étais totalement obnubilée, déjà manipulée. J’étais obligée de leur cacher mes faits et gestes concernant le prosélytisme mormon. Je commençais à leur mentir pour éviter de me justifier. La présence constante des membres et des missionnaires était telle que je ne pensais plus que pour et par les mormons. Je ne me rendais pas compte que l’étau se resserrait sur nous.

Le baptême

Les missionnaires m’enseignèrent les règles et les recommandations de l’Eglise afin que je sois prête pour le baptême : la parole de sagesse, c’est-à-dire l’interdiction de consommer des boissons telles que le café, le thé, l’alcool, de fumer, de prendre des drogues et d’avoir des relations sexuelles avant le mariage, le commandement de la dîme à savoir le versement d’1/10ème de mes revenus (de quelque nature qu’ils soient : salaire, vente de biens, héritage), le pouvoir de la prêtrise conférée aux hommes. Toutes ces notions étaient survolées et lorsque je posais des questions pour approfondir un sujet particulier, ils me répondaient que lors de mon baptême je recevrais un don spécial qui me permettrait de tout comprendre.
Lorsque les missionnaires me posèrent la question fatidique : « Acceptez-vous de vous faire baptiser ? », j’ai tout naturellement dit « oui ». Ils m’avaient expliqué que Dieu promettait le pardon des péchés à tous ceux qui se baptisent à partir du moment où ils éprouvent un profond repentir. Qui plus que moi désirait se faire pardonner et recommencer une nouvelle vie de service et de bonté chrétienne ? Je serai habillée de blanc, symbole de la pureté, et immergée dans l’eau – comme lavée de tout péché. La date de mon baptême fut fixée. Seuls les mormons étaient au courant. Je n’avais prévenu ni ma famille, ni mes amis.

Après la cérémonie du baptême, une membre s’est approchée de moi et m’a dit : tu es ma sœur spirituelle, je le sens. Ses yeux exprimaient de la joie et je l’enviais. Elle avait l’air si heureuse et si pleine de bonne foi. Elle m’a expliqué que dans le monde des esprits d’où nous venions, nous avions dû être proches et qu’aujourd’hui, le Seigneur nous permettait de nous reconnaître. Version simpliste mais efficace pour quelqu’un qui se sent seule.

Après le baptême, j’ai été « confirmée » membre de l’église lors d’une réunion de culte du dimanche et j’ai reçu le « don du St Esprit ». Ce « don » qui m’avait été conféré par des membres de la prêtrise par l’imposition des mains me permettrait dorénavant d’être plus inspirée. Je pourrai ainsi reconnaître la voix de la sagesse.
Les frères ont toutefois ajouté que tant que je n’aurai pas été choisie par un membre détenteur de la prêtrise pour devenir sa femme, je devrai toujours demander conseil à mes dirigeants et recourir à leur pouvoir pour être éclairée.

Il ne faut pas sourire à mes propos même si tout s’y prête. J’étais en manque d’affection et ce groupe me proposait d’appartenir à une communauté d’élus qui me protégeraient contre les attaques des mauvais du monde extérieur. On m’avait assuré que désormais « je serai dans le monde mais pas du monde ». Je voyais mes dirigeants comme « grands », comme détenant la Vérité, la réponse à mes questions existentielles. Tout cela me rassurait. Si j’avais un problème, je me mettais à genou, le livre de Mormon dans les mains et je lisais, lisais jusqu’à ce que, épuisée, je convienne que la lecture et la prière avaient balayé mes doutes. Je m’étais en fait abrutie de récits bonifiants qui avaient modifié ma pensée. Je n’avais plus le recul nécessaire pour réfléchir.

Membre de l’église

Toute nouvelle « recrue » est très sollicitée. Son enthousiasme et sa joie d’avoir trouvé « la vérité » en font un excellent « missionnaire ». J’ai plusieurs fois donné mon témoignage devant des centaines de personnes. On m’invitait lorsqu’il fallait faire du prosélytisme et ma détermination confortait les plus réticents. Cela me prenait du temps mais je n’osais pas refuser. On me faisait confiance, on me disait que j’avais été élue, que la porte des cieux m’était désormais ouverte. Je n’avais plus aucun autre centre d’intérêt que de devenir un bon membre. J’écoutais avec ardeur les discours des membres et je voulais leur ressembler.

Chaque paroisse est dirigée par un évêque et deux conseillers. Très vite après mon baptême, l’un des conseiller vint vers moi. Le visage soucieux, il me dit : « Chère sœur, nous avons un problème mais je crois que tu peux nous aider, j’ai prié et ton nom m’est apparu. Nous avons besoin de toi pour une mission ». J’étais impressionnée. Je me voyais déjà en haut de la liste des « méritants du Seigneur », et déjà je m’inquiétais à l’idée de ne pas être à la hauteur de leur attente. Le conseiller m’a finalement informée… que la bibliothécaire avait besoin d’aide et que j’étais celle qu’il lui fallait ! « Acceptes-tu cet appel [1]? ». Comment pouvais-je refuser ? Il est rare de refuser puisque l’appel est censé être une révélation.

Je n’ai jamais osé mettre en doute les inspirations des dirigeants même si certains appels m’épuisaient physiquement et m’éloignaient de mon fils. J’avais aussi remarqué que les appels les plus prestigieux étaient réservés à certaines familles. Il est même arrivé que l’on me retire un appel du jour au lendemain sans même me prévenir afin de satisfaire les aspirations d’une sœur américaine qui avait versé un montant honorable aux bonnes œuvres de la paroisse… J’ai beaucoup pleuré ce jour-là et les autorités ont estimé que j’étais sûrement atteinte d’une « orgueillite » aiguë. Ils m’ont laissée sans responsabilités pendant quelques semaines pour me convaincre du fait que je n’étais qu’un instrument au service du Seigneur.

Et c’est grâce à ces « erreurs de stratégie » des dirigeants que j’ai commencé à douter.

Le temple

Un an plus tard, lorsqu’on m’a jugée digne d’aller au temple, j’ai reçu ma « bénédiction patriarcale ». Il s’agit là encore d’une révélation donnée au membre de la part du Sauveur par l’intermédiaire d’un patriarche. Les mormons l’appellent « l’expérience du voile presque transparent ». Le patriarche a tout d’abord eu un entretien avec moi. Il a posé des questions sur ma vie privée, mes goûts et aspirations, etc. Il m’a expliqué que ce jour était unique car le Seigneur allait me parler. En tant que patriarche, il était le seul capable d’interpréter le langage divin. Je devrai écouter non pas avec mon intelligence mais avec mon cœur. Afin de ne rien perdre de cet entretien, tout serait enregistré mais il me serait interdit d’en parler aux autres membres. Il a posé les mains sur ma tête, a mis en route le magnétophone et a commencé par me dire que le Seigneur m’aimait. Il a précisé ensuite que j’étais descendante de la tribu de Joseph (il en est ainsi pour pratiquement tous les membres). Il m’a donné un aperçu du destin qui m’était réservé à condition que je suive les commandements : un mari et d’autres enfants. Dans cette « prophétie », mon futur mari serait membre de l’église et, en tant qu’épouse digne, je devrai le soutenir dans ses appels. Lorsque dix ans plus tard, je m’inquiétais de ne jamais trouver ce mari promis, on me répondait que le texte ne précisait pas si l’union aurait lieu sur cette terre ou dans la vie éternelle. En fait, je devais continuer à être une soeur toujours plus dévouée et soumise pour avoir droit aux bénédictions que je méritais. Le patriarche avait retranscrit par écrit le texte enregistré et je l’avais photocopié en plusieurs exemplaires. Je portais toujours une copie de ma bénédiction sur moi comme une preuve écrite de ma filiation avec le père céleste.

Lorsque le membre digne se rend pour la première fois au temple, il fait « ses dotations personnelles », sorte de pacte avec le Très Puissant : il s’engage à vivre selon la doctrine mormone et en retour le Seigneur lui assure Sa protection. Dans le temple, certains cérémonials m’ont fortement impressionnée, voire effrayée. Chaque mimique représente un engagement que le membre prend envers le Seigneur en contrepartie d’une grâce particulière ; si le membre respecte cet engagement, il s’assure la protection de Dieu, s’il manque à sa promesse, il s’expose à des sanctions terribles allant jusqu’à la mort physique et je me souviens avec horreur avoir dû symboliser ce châtiment en portant ma main à la gorge comme pour la trancher[2].

Pour éloigner le membre de toute tentation, il y a des garde-fous très efficaces comme les garments, sous-vêtements destinés à décourager toute activité sexuelle en dehors du mariage. Ils sont composés de deux pièces : le haut se compare à un maillot de corps aux manches courtes et le bas à un panty plus ou moins long. Ils doivent être portés sur la peau jour et nuit, quitte à ce que la femme agrafe son soutien-gorge par dessus. En effet, rien ne doit, en principe, s’interposer entre le corps, temple de l’esprit, et les garments. Ces garments sont commercialisés par l’église et toute une cérémonie est consacrée à la remise de la première paire au membre qui se rend pour la première fois au temple. On lui dit que ces sous-vêtements sont bénis, qu’ils portent des signes sacrés et qu’ils ne doivent jamais rencontrer le regard d’un non initié. La première fois que je les ai portés, j’ai cru emprisonner mon corps, le revêtir d’une « ceinture de chasteté virtuelle », l’aseptiser dans une gaze immaculée… J’avais l’impression d’être invincible, « intouchable » et donc protégée. J’ai eu beaucoup d’appréhension lorsque j’ai dû m’en défaire.

Pour inciter le membre à revenir au temple et donc à payer régulièrement la dîme, alors qu’il a déjà fait ses propres dotations, on lui dit que ses ancêtres qui n’ont pas eu la chance de vivre sur la terre au moment du rétablissement de l’évangile, en 1820, sont dans une prison quelque part et attendent impatiemment l’ouverture des portes. Il incombe donc aux membres qui ont eu la bonne fortune de naître sur cette terre après 1820 de montrer le chemin aux anciens.

C’est cette belle promesse qui condamne les membres à économiser toute une vie pour entretenir les temples et envoyer leurs enfants en mission dans le monde entier.

On interdit aux membres de parler des rites pratiqués dans les temples et de montrer leurs bénédictions patriarcales ainsi que leurs garments. Le motif invoqué est le caractère sacré de ces pratiques et leur valeur symbolique inaccessible aux profanes. Cette explication donne de l’importance au membre qui se croit détenteur d’un secret qui le place au-dessus des non-initiés. Lui sait ce que les autres ignorent. Cette situation le rapproche des membres et l’éloigne de ses proches s’ils ne sont pas membres de l’église.

La seconde partie de ce témoignage, qui relatera la sortie du groupe, paraîtra dans le prochain numéro de Bulles.

[1] Dans le langage mormon, un appel est une tâche que le membre digne se voit confiée.
[2] Il semble qu’aujourd’hui ces rituels ne comportent plus de tels gestes.

mardi 16 janvier 2007

Les Mormons jettent l'éponge

Extrait de l’article paru dans Le Parisien le 11 janvier 2007

LA NOUVELLE est tombée lundi en mairie.
Les mormons ne construiront pas leur premier temple français à Villepreux. Ils viennent de retirer leur offre d'achat pour les terrains de la famille Clérico (propriétaire du Lido et du Moulin-Rouge), après plus d'un an de pourparlers. La mairie a reçu un courrier provenant du siège à Salt Lake City (Utah, Etats-Unis) l'informant de cette décision. Initialement, les membres de l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours prévoyaient d'acheter 400 ha (soit le tiers de la surface de cette commune de 10 000 habitants) et d'y bâtir un temple dédié notamment aux mariages. Deux autres acquéreursse sont fait connaître.

Le dossier semblait bien avancer. Des réunions publiques d'information sur le projet s'étaient même tenues. Seulement, entre-temps, un deuxième acquéreur s'est fait connaître. Il s'agirait d'un consortium suisse. Son objectif serait de transformer cette propriété en centre équestre avec une résidence sécurisée. Apparemment, il serait prêt à acheter le site sans conditions suspensives, contrairement aux mormons. Enfin, selon la mairie, un troisième acquéreur s'est également fait connaître. Il souhaiterait développer un projet tournant autour du golf. La communauté religieuse voulait, avant de débourserplusieurs dizaines de millions d'euros pour acquérir ce parc situé dans la perspective du château de Versailles, s'assurer qu'elle pourrait bien y construire son temple. Et ce, avec l'accord de l'architecte des Bâtiments de France, du ministère de la Culture et enfin de la commune pour une éventuelle modification du plan d'occupation des sols.

« Nous avions signé une lettre d'intention en février 2006 avec des conditions suspensives, explique le porte-parole de l'Eglise. Seulement, fin décembre, nous avons reçu un courrier de la famille Clérico. Cette dernière souhaitait vendre immédiatement. Pour nous, cela était impossible. Nous avions besoin de certaines assurances au préalable. »

Aujourd'hui, face à l'ultimatum des propriétaires, les mormons font marche arrière à regret. « Nous avons dépensé beaucoup d'argent et d'énergie pour ce projet. Il est dommage d'aller aussi loin, même s'il restait encore beaucoup de travail à réaliser, et de s'arrêter là. Pour l'instant, nous posons nos valises », poursuit ce même responsable. L'Eglise va devoir se mettre en quête d'un autre site. Elle attendra pour cela que les prochaines échéances électorales soient passées.

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Mme Valladon a confirmé, lors de la cérémonie des vœux du 12 janvier dernier, l’arrêt des négociations entre les Mormons et la famille Clérico concernant l’acquisition de leur propriété. Rappelons que Mme Valladon avait toujours expliqué qu’elle ne pouvait ni agir, ni influer sur l’opération, puisqu’il s’agissait de la vente d’un bien privé, cela tout en autorisant les Mormons à exposer leur projet lors des réunions de quartiers.

Nous sommes fiers, à notre niveau, d’avoir participé au retrait de ce projet. En étant les premiers à dénoncer ce qui se préparait sous l’œil bienveillant de l’équipe municipale en place, nous avons permis aux habitants de comprendre les enjeux qui se cachaient derrière cette acquisition et de refuser de voir ce mouvement sectaire prendre possession de notre ville.

L’équipe municipale complète désormais son manque de gestion d’un manque de vision. Comment, en effet, ne pas avoir vu l’enjeu et les implications politiques de l’arrivée de ce mouvement dans notre ville. En s’implantant progressivement, les Mormons auraient représenté une force politique si importante qu’elle n’aurait pu être ignorée. Ainsi, avec les Mormons devenant incontournables puisqu’influents, la ville aurait perdu inévitablement son indépendance en devant tenir compte, à chaque décision, de la volonté de ce mouvement.

Un homme ou une femme politique doit comprendre, écouter, analyser, décider et expliquer mais ne jamais céder à la politique si simple du pire. La politique du pire consiste, pour esquiver ses responsabilités, à toujours expliquer ses décisions par le fait qu’elles sont les seules possibles puisqu’il y a pire si on les refusait. La politique du pire n’est pas honnête car elle veut effrayer. Je ne céderai jamais à cette politique. Où sont les russes et les arabes qu’on nous avait brandis pour nous faire accepter l’arrivée des Mormons ? Cette pratique ne sera jamais la mienne.

Rapidement, la politique du pire a fait place à celle du vent. Où sont les russes ? Où sont passés les arabes ? Ils ont tous curieusement disparu au profit de deux projets qui semblent même s'il est vrai que nous n'avons pas eu accès à l'ensemble des dossiers mieux adaptés à l’orientation que nous souhaitons donner au développement de notre ville.

L’aventure rocambolesque des Mormons nous prouve que chacun d’entre nous doit, à son niveau, rester mobilisé, vigilant et critique face à un pouvoir politique à la dérive.